jeudi 1 mai 2008

Les mouvements féministes vus par Virginie Despentes


Interview de Virginie Despentes, auteure de King Kong Théorie.

Samedi 10 mars 2007, par RED.

RED : Que penses-tu du mouvement féministe actuel, en France particulièrement, après une division lors de la loi sur l’exclusion des jeunes filles voilées ? Et quelles perspectives d’avenir ?
VD : Ce que vont produire les jeunes féministes (textes, discours, images ou sons) m’intéresse énormément, elles passent clairement une étape et inventent des vies et des attitudes qui semblaient impossibles, il y a moins de trente ans. Dans les quinze années à venir (...), je pense qu’on va assister à une explosion pure et simple du « féminin » tel qu’imposé depuis des millénaires. La violence des femmes, notamment, me semble un enjeu d’importance. Mais ça, c’est mes projections personnelles.
Les féministes françaises traditionnelles et vivantes me fatiguent un peu, avec des exceptions notoires. En France le mouvement féministe a quand même été confisqué par des femmes d’une classe sociale bien particulière, confisqué, étouffé et enterré. Maintenant, quand on dit « féminisme », elles voudraient pouvoir contrôler le label, autoriser ou pas à l’employer. Et pour y être autorisée, il faut partager avec ces vieilles dames qui sont toutes nées riches une série de points de vue plus ou moins déprimant, plus ou moins aliénant. La division sur la loi sur l’exclusion des jeunes filles voilées, j’ai du mal à la placer dans une perspective féministe, il s’agirait plutôt de trauma post-coloniaux. Des femmes blanches parlent à la place des filles voilées, et savent mieux qu’elles ce qu’elles ont à faire, pour leur propre bien. On connaît cette attitude de dames patronnesses. C’est une attitude que ces mêmes femmes blanches ont avec les putes. Là aussi elles se permettent de s’exprimer à la place des filles qui travaillent. Comme au temps de la Comtesse de Ségur, quand les dames charitables faisaient la tournée des maisons de pauvres. Qu’elles aillent se faire foutre avec leurs quignons de pain en échange de la bonne parole répétée. Je n’ai pas compris que des femmes puissent refuser de marcher avec les filles voilées, les déclarant d’entrée de jeu instrumentalisées.
On ne fait pas un tri à l’entrée des cortèges, d’habitude, on ne soumet pas les femmes qui veulent défiler le 8 mars à un interrogatoire « as tu déjà été entretenue par un homme ? As-tu déjà obtenu un poste grâce à ta séduction ? As-tu suivi un régime récemment ? As-tu les seins refaits ? Es tu trop coquette ? Partages-tu correctement les tâches ménagères chez toi ? Élèves-tu ton fils comme ta fille ? Joues-tu parfois le jeu du sexisme pour séduire un homme ? etc ». Sinon, bon, il y aurait trois bonnes femmes et une banderole et toutes les autres resteraient chez elles.
Je veux bien écouter ce que les filles de ni pute ni soumise ont à dire sur la question, puisqu’elles sont effectivement en rapport plus direct avec les personnes concernées que je ne le suis depuis dix ans. Mais je veux bien aussi écouter ce que les filles qui portent le voile ont à dire (par exemple dans le très bon documentaire « un racisme à peine voilé », qui est instructif). Et je ne vois pas pourquoi j’écouterais des journalistes parisiennes qui ont des certitudes sur la question, jusqu’à présent le sort des rebeux ne les avaient pas intéressées (...).

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salam les égorgeuses !

Merci pour l'historique des Ni putes,ni soumises que Virginie Despentes n'a pa rappelé.

Sur Ni putes Ni soumises, je pense ce sur quoi il nous faut revenir c'est sur certaines meufs qu'elles attirent à cause du manque d'alternative : je parle des meufs qui s'en sont pris plein la gueule, et qui en veulent aux mecs, c'est légitime de leur en vouloir !
Quand on a mal, faire du mal même aux siens ça fait du bien qui nous fait du mal.

A nous de créer les espaces pour nous faire du bien et être en colère contre le patriarcat et le racisme en toute légitimité.
Halte aux sectes qui visent celles qui sont le plus en mauvaises postures d'entre nous !

Sur Virgine Despente, elle a de la chance que nos amis les gauchos voit en elle quelqu'un de fiable pour une critique des féminismes. Un appel des féministes indigènes qui est sorti, il y a maintenant quelque temps qui est méconnu même si les mêmes thèses sont reprises dans les milieux universitaires n'a
pas connu autant d'honneur.

Je propose qu'on signe nos texte de féministes post-coloniaux comme on nous appelle, Virginie Despente.

Buveuse de sang qui aime bien la provoc à deux balles.

A bientôr pour de nouvelles aventures !